Combien?

Au cours des trois derniers mois environ, j'ai été confrontée à une série de personnes... d'accord... d'hommes... sollicitant des services personnels en ligne. La plupart des personnes qui me suivent sur diverses plateformes sociales sont des travailleuses du sexe. Les conversations les plus passionnantes et les plus stimulantes, au cours de ces deux mois, ont eu lieu, dans l'ensemble, avec un travailleur du sexe de sexe masculin. Deux de mes proches connaissances féminines sont des cam girls, et les autres... je ne sais pas... elles ne parlent pas beaucoup (la foule traditionnelle est-elle perpétuellement condamnée à craindre sa propre ombre ?)

Le célèbre salon Erotix de Bruxelles aura lieu sous peu et, une fois de plus, je plongerai dans les profondeurs de ce monde sexy... même si c'est à une distance relativement sûre.

En attendant, je réfléchis un peu à l'ensemble contradictoire de sentiments et d'expériences qui enveloppent mon passé et mon présent. D'une part, je serais la dernière personne de mon entourage à juger et, d'autre part, je serais très bien placée pour le faire.

Pour illustrer l'attention non sollicitée qu'apporte l'exposition en ligne, voici quelques exemples :

On m'a proposé une somme d'argent importante pour des services personnels en tant que soumise (arnaque ou réalité ? je n'ai pas voulu le savoir).

On m'a offert un dîner et un rôle dans un film en échange d'une relation.

On m'a proposé de l'argent en échange de relations sexuelles.

Il ne s'agit là que de quelques exemples d'offres transactionnelles faites par de parfaits inconnus en ligne. D'autres offres n'impliquaient pas d'argent, et il ne s'agissait pas de parfaits inconnus. Ils voulaient surtout du porno gratuit, du sexe gratuit ou de l'amour gratuit (restons-en à la vision moderne selon laquelle l'amour et le sexe sont détachés l'un de l'autre... du moins en apparence). Ils étaient également tous prêts à mentir et à tricher pour l'obtenir de moi.

Bien sûr, mon contenu est souvent sensuel. Est-ce que je le demande ? J'en doute. Il est aussi peu explicite qu'il est possible de l'être sans se couvrir jusqu'aux chevilles. Non merci à ce sujet ! Et puis il n'y avait pas que des plaisirs charnels... certains cherchaient juste de l'émotion et de l'attention... à tous les niveaux. Quand je m'intéresse à quelqu'un, ce n'est jamais pour de faux. C'est peut-être cela ?

Il est difficile de savoir ce qui motive un homme à passer outre le fait que je suis mariée (et que je ne le cache pas) et que je ne suis pas une petite fille intéressée par un papa gâteau. Si j'étais revenue à mes vingt ans, je pourrais au moins comprendre la logique. J'ai aimé le film Lolita et j'ai fait un peu de théâtre... à l'époque. Est-ce qu'ils ressentent toujours cette impression à travers l'ancien moi ?

Je ne le pense pas.

J'ai été invitée une fois à une fête privée sur un yacht. Deux fois en fait ! À deux périodes différentes de ma vie.

Une seule de ces invitations venait de quelqu'un qui me connaissait vraiment et une seule incluait mon partenaire dans le mélange. J'ai refusé les deux, pour deux raisons différentes. Je me demande toutefois s'il est courant ou normal qu'un autre homme ignore complètement l'existence du mâle dominant dans la vie d'une femme. Ou bien n'y a-t-il plus de consensus à ce sujet ? N'y a-t-il plus qu'un seul homme qui tient la torche, tandis que les autres peuvent se contenter d'allumer une allumette... s'ils ont la chance qu'elle jaillisse ?

Si seulement une telle attention était réellement flatteuse ! Je sais par expérience qu'en fin de compte, peu importe mon apparence ou la façon dont je la présente. Peu importe également qu'il y ait une réelle compatibilité sur le plan romantique et sexuel. Tout ce qui compte, c'est la possibilité de satisfaire les besoins (ou plutôt les pulsions, puisqu'un besoin est quelque chose dont on ne peut pas se passer) de l'autre personne. L'influence du porno à outrance ? Je m'interroge...

À travers mon moi féministe dépasse ma sagesse conservatrice : Peut-être n'était-ce pas une si bonne idée que le sexe et l'amour soient devenus des marchandises si faciles et séparées, tout cela au nom de la liberté ! Peut-être devrions-nous supprimer le mot "société" du débat et voir si nos arguments tiennent toujours lorsqu'il n'y a pas de bouc émissaire aussi grand et indéfini à blâmer pour toutes nos déceptions et nos désirs inassouvis.

Et puis il y a l'élément toujours présent de l'attirance. Je ne peux pas parler au nom de toutes les femmes dans l'ensemble de la société, mais je peux parler en mon nom et peut-être en celui de quelques rares femmes qui ont accepté de se confier franchement.

Dès la première rencontre, une femme sait si elle serait prête à avoir des relations sexuelles avec un homme (ou une autre femme) ou non. Il s'agit avant tout d'une question d'attirance physique. Cependant, la distance entre la volonté de faire quelque chose et le fait de le faire réellement est l'espace mental où la plupart des hommes perdent le fil.

Revenons à la sollicitation en ligne et hors ligne (oui, j'ai connu les deux) : L'interprétation des indices est cruciale ! En tant que femme, construite et conditionnée pour être malléable et intuitive, je ne vous dirai peut-être pas franchement que vous ne m'attirez pas (assez). Il se peut que je vous sourie, que je vous prenne dans mes bras, que je vous parle, que je partage une chanson ou une photo, que je vous demande comment ça va... Ce n'est pas une invitation ouverte. Il s'agit simplement d'un intérêt parce que je vous apprécie probablement, sinon je ne prendrais pas la peine de m'engager.

Oui, il y a un potentiel, mais est-ce que j'ai envie d'aller plus loin ? Cela dépend.

Et la moitié de ce qui dépend de vous, c'est la façon dont vous agissez.

Finalement, ma réponse à toutes ces offres spontanées a été assez simple. Même si j'avoue que la somme d'argent proposée m'a parfois fait remettre en question mes principes. Tout le monde a un prix !

"La réponse est NON."

"Mon amour, mon attention, mon corps... ne sont pas à vendre !